Pleure ou sourit dans ton âme,
Près d’un lac il faut t’asseoir.
Écoute, si le flot chante ;
Si l’eau dort, regarde au fond ;
Miroir où l’azur t’enchante,
Écho d’une voix touchante,
Toujours l’onde te répond.
Les plaines ont l’alouette,
La montagne a l’aigle roi,
Les jardins ont la fauvette ;
Mais, ô lac, le doux poète
Et le cygne sont à toi !
Si je brise un jour mes chaînes,
Je veux m’enfuir vers les eaux ;
Mieux que les nids sur les chênes,
Mieux que les aires hautaines,
J’aime un nid dans les roseaux.
VIII
La Coupe
Amis, le temps brumeux fait les songeurs moroses !
Tout exhale l’ennui, ce soir, même ces roses ;
Des yeux les plus aimés le sourire a pâli ;
Nos pensers de ce ciel ont pris la morne teinte…
Biais venez ! Dans le vin cherchons la verve éteinte,
Et la joie, et l’espoir, compagnons de l’oubli,
Une âme est dans le vin ! un dieu d’humeur charmante
Remplit de son esprit cette pourpre écumante ;