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Mieux, que les nids sur les chênes,
Mieux que les aires hautaines,
J’aime un nid dans les roseaux.

J’aime une terre mouillée
Par un lac profond et clair ;
Pour tenir l’âme éveillée,
Il faut que, sous la feuillée,
Les eaux chantent avec l’air.

S’il n’a point de rive humide,
Je fuis un site admiré,
Comme un front pur et sans ride,
Mais dont l’œil serait aride
Et n’aurait jamais pleuré.

La colline la plus verte,
Si l’onde n’est son miroir,
Est comme une âme déserte,
A qui jamais n’est ouverte
Une autre âme pour s’y voir.

Otez les flots à la terre,
La terre sera sans yeux,
Et jamais sa face austère,
Pleine d’ombre et de mystère,
Ne réfléchira les cieux.

Dans ton cœur si quelque chose
Bat des ailes pour voler,
Désir ou douleur sans cause,
Musique ou parfum de rose
Qui demande à s’exhaler ;

Si tu nourris d’une flamme
Le souvenir ou l’espoir,
Si l’image d’une femme