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Une heure de soleil, le bleu de l’horizon,
          La tiède matinée,
Vous ont fait croire, hélas ! que la belle saison
          Nous était ramenée.

Parfois l’hiver stérile a des soleils trompeurs,
          Et sa face est dorée ;
Mais il ne peut mûrir une seule des fleurs
          Dont vous êtes parée.

Après ce doux rayon qui brille avec amour,
          La nuit sera mortelle ;
Pour fixer le printemps il faut plus d’un beau jour
          Et plus d’une hirondelle.

Ne laissez pas jaillir tous vos boutons vermeils
          Que le froid ne s’achève ;
Pour la saison féconde et pour les vrais soleils
          Gardez bien votre sève.

L’hiver va de vos fleurs ternir la pureté,
          Et leur règne s’abrège ;
Leurs calices fondront, comme ferait, l’été,
          Une coupe de neige.

Puis, quand le jour luira, qui doit tout ranimer,
          Les plantes et les âmes,
Il usera sur vous, sans rien faire germer,
          Sa rosée et ses flammes.

Alors tout sous le ciel, tout sera réveillé ;
          Toutes les autres branches
Lèveront au grand air leur ébène émaillé
          Et leurs couronnes blanches ;

Et le soleil viendra peindre leur front charmant,
          Leurs lèvres nuancées,