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Sous l’émail odorant d’un gazon déjà vert
De son lit de repos le sol était couvert,
Et cet arbre divin, l’orgueil de la contrée,
Tout en fleurs de la grotte ornait déjà l’entrée.

Dès lors, hôte assidu de ce temple nouveau,
Je vis loin des humains, veillant sur ce tombeau ;
Des sources, des rochers, des fleurs, j’y fais l’étude ;
Les oiseaux qu’elle aimait peuplent ma solitude ;
Ils me fêlent comme elle, et de son souvenir,
Dans leurs chants, près de moi, viennent s’entretenir ;
Nous avons un langage avec eux et les plantes ;
Ensemble nous faisons des prières ferventes ;
Nous parlons d’Hermia, du soleil et de Dieu.
Jaillissant du rocher, cette source au flot bleu
Où se baigne la lune, où les chevreuils vont boire,
De la divine enfant garde aussi la mémoire,
Et, comme ces rameaux par son âme agiles,
Murmure avec amour les airs qu’elle a chantés,
Mêlant sa voix plus grave aux bruits que je consulte,
L’arbrisseau merveilleux, à qui je rends mon culte,
De feuilles et de fleurs paré dans tous les temps,
Verse à mon front blanchi l’espoir d’un beau printemps.

Ainsi, je vis au fond des forêts fraternelles,
J’attends le jour certain des noces éternelles ;
Le jour où, pardonnant mon précoce larcin,
Hermia doit m’ouvrir l’asile de son sein.
Dans cet antre sacré reste, toi qui m’écoutes,
Recueille les pensers qui pleuvent de ces voûtes,
Et parfois, si tu veux, sur ces lointains rochers,
Visiter les jardins dans les neiges cachés,
Je t’y ferai choisir ces fleurs humbles et pures
Que Dieu sème au désert pour toutes nos blessures.