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Et moi, non sans terreur, apaisant ses esprits,
Je cherchais le secret de ce trouble incompris, ;
La nature, bientôt m’expliquent cet orage,
M’en montrait dans son sein et la cause et l’image.

Un nuage amassant la foudre et les éclairs
Déploie avec lenteur ses flancs noirs dans les airs ;
Les forêts devant lui, de leur frisson sonore,
Tremblent comme Hermia sans qu’un vent souffle encore ;
Il éclate, et soudain à torrent sur les bois
L’eau, la grêle et le feu descendent à la fois ;
Le tonnerre grondant sur les hauteurs prochaines
Fait voler en éclats le granit et les chênes.
Adieu feuilles et fruits, et vignes et moissons,
Dans les sillons fangeux broyés par les glaçons ;
Sur les monts décharnés, de pierres et de branches
Les eaux avec fracas roulent des avalanches.
O nature ! Hermia ! ce repos que j’aimais
A-t-il de votre sein disparu pour jamais ?

Non, déjà le soleil revient panser vos plaies,
Les oiseaux reparus chantent au bord des haies ;
D’un feuillage plus vert et de plus frais pensers
Je vois se parer l’âme et les rameaux blessés ;
Les fleurs ont relevé leur front dans les prairies ;
L’esprit s’est émaillé de tendres rêveries,
L’œil, lavé par les pleurs, dans son ardent azur
A des cieux plus sereins offre un miroir plus pur,
Et l’hymne au double chœur qu’à Dieu la terre envoie,
Un instant suspendu, monte avec plus de joie ;
Mais chaque être a souffert, et cet instant fatal,
Nature, en toi suffit pour attester le mail

L’orage ainsi descend sur les plus saintes choses ;
La douleur germe au sein des vierges et des roses ;
Et quoiqu’un