Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un, plus silencieux, épris des solitudes,
Faisant aussi des bois ses chères habitudes,
Fut choisi d’amitié, mais sans espoir plus doux.
Inégaux en pouvoirs, ils avaient mêmes goûts,
La sainte affection des sources et des plantes,
Et le don de trouver toutes choses parlantes.
Ces mutuels besoins les avaient réunis.
Lui, semblait familier aux habitants des nids ;
En le voyant chéri du ramier et du cygne,
D’intime confiance Hermia le crut digne :
Car les oiseaux du ciel ont des regards perçants
Pour choisir leurs amis chez les cœurs innocents.
Souvent guidé vers elle au fond de ses retraites,
Il surprit dans les bois ses paroles secrètes ;
Vers les ruisseaux charmés dont il suivait le cours,
Il entendit couler ses mystiques discours,
Et des fleurs et des eaux, à sa voix enchaînées,
De musique et d’encens les réponses ornées.

Oh ! vous la compreniez, êtres puissants et doux,
Plongés au sein de Dieu bien plus avant que nous :
Car vous avez l’amour, ô forêts pacifiques,
Votre sève est docile à des lois harmoniques,
Et le souffle d’en haut, qui vient la diriger,
Ne lutte pas en vous contre un souffle étranger ;
Vous ignorez la haine ; une ambition folle
Comme nous du grand tout jamais ne vous isole.
Nous seuls errons sans guide, et cherchons sous le ciel
Par où reprendre vie au tronc universel ;
Mais vous, arbres et fleurs, vous nature où tout aime,
Attachés à ses flancs vous vivez de lui-même !

Les grands arbres ainsi, les herbes des forêts
Étaient ses confidents et ses maîtres secrets ;