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Enivrés de bourgeons et de sève nouvelle,
Les folâtres chevreaux bondissaient autour d’elle,
Se cherchaient, se fuyaient, l’un par l’autre assaillis,
De grâce et de fierté luttaient dans les taillis ;
Quand d’un bouquet de chêne heurté dans cette lutte
Tombe un nid qu’une branche entraîne dans sa chute,
Et la mère accourant l’abritait de son corps,
Avec des cris plaintifs couvait ses petits morts,
Volait et revenait d’eux à la jeune fille.
Hermia s’inclina vers la triste famille ;
Elle resta longtemps comme pour lui parler ;
Les pleurs entre ses cils commençaient à couler,
Et la nuit vint mêler sur ce tombeau de mousses
Des perles de rosée à ces larmes si douces.
Comme un céleste grain par la brise semé,
Dès l’aube, sur le sol ces pleurs avaient germé ;
Sur d’abondants rameaux des fleurs étaient venues,
Des fleurs à nos climats jusqu’alors inconnues ;
Et quand pour les cueillir parut l’enfant béni,
Chaque tige chantait joyeuse de son nid ;
Un doux frisson courait entre les branches frêles ;
Mille oiseaux effleurant Hermia de leurs ailes,
Dans l’air tout plein d’odeurs et de bruits merveilleux,
Comme en un frais baiser agitaient ses cheveux.

Elle semblait porter le printemps avec elle.
Du sol qu’elle a touché la vie à flots ruisselle ;
Une source, un arbuste, ou le gazon plus vert,
Marquent de son repos la place en ce désert.
Cherchez dans le granit, sur ces cimes lointaines,
Ces touffes de bouleaux d’où coulent des fontaines ;
Les pâtres vous diront qu’en ces lieux Hermia
Tout un beau jour d’automne à rêver s’oublia.
Elle a marché là-bas, où les herbes plus grandes