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Dans les grottes en prisme amassé les cristaux,
Condensé les vapeurs des liquides métaux ?
Sous l’écorce, avait-il circulé dans la sève
Que la lune à son gré fait descendre ou soulève,
Et connu le bonheur des bourgeons entr’ouverts,
Et réveil du printemps, et, dans les noirs hivers,
Ces rêves dont la terre, en ses veines plus lentes,
Dans un tiède sommeil berce l’âme des plantes ?
Fleur offrant son calice à la soif de l’été,
Sous un rayon avide avait-il palpité ?
En poussière enlevée à For des étamines,
Les Zéphirs l’avaient-ils semé sur les collines,
Avec ces frais baisers que les lis amoureux,
Sous leur voile d’argent, se prodiguent entre eux ?

Avant ces blonds cheveux, ces bras roses et frêles,
Aviez-vous, Hermia, des plumes et des ailes ?
Aviez-vous fait des nids, et sifflé des chansons,
Et joué, sous la feuille, avec les gais pinsons ?
Vous habitiez, sans doute, en ces forêts plus chaudes,
Où le soleil revêt les oiseaux d’émeraudes,
Où les arbres géants sont constamment fleuris
De papillons nacrés et de verts colibris,
Et sur leurs troncs vêtus d’un réseau de lianes,
Ont, la nuit, des colliers d’insectes diaphanes ?
Peut-être qu’en mourant, sur un lac argenté,
Vous étiez un beau cygne, et vous avez chanté ?
Ou plutôt, tour à tour source, oiseau, chêne et rose,
Vous avez recueilli l’esprit de toute chose,
Et des êtres divers traversés jusqu’à nous,
Gardé ce qu’en chacun Dieu sema de plus doux.
Comme au seuil d’un tombeau, triste au moment de naître,
Devant l’humanité vous hésitiez peut-être