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Et sur l’heureux songeur s’épanchant tout entière,
D’un rayon prolongé va toucher sa paupière.
Lui, sent par tout son être, ébloui, palpitant,
Ce regard de déesse et d’amante pourtant,
Qui, dans sa fixité lumineuse et limpide,
D’un baiser continu lui verse le fluide.

Ainsi, jusqu’au matin, dans l’extase bercé,
Sous un astre amoureux il dormait caressé.
Illuminant son cœur d’une clarté suprême,
La vierge aux yeux perçants le contemplait de même ;
L’urne et les rameaux verts chantaient divinement ;
Et c’était chaque nuit égal enivrement !

Or, dans la grotte, après quelques jours, son vieux maître,
Un homme au large front, des bois auguste prêtre,
Descendant des hauts lieux, rentra : car, tous les ans,
Sa main savante et douce aux mortels languissants,
Dans le désert, aux pieds des neiges virginales,
Cueillait, sous l’œil de Dieu, les fleurs médicinales.

Confiant pour cet hôte, et pieux comme un fils,
Le jeune homme eut bientôt dit son nom, son pays,
Son invincible amour des monts, des forêts sombres,
Les désirs infinis qui pleuvent de leurs ombres,
Ses courses, son sommeil dans la grotte abrité,
Et le rêve charmant qui l’avait visité.

Et le sage l’aima ; dans les âmes brûlantes
Il savait lire, ainsi que dans le sein des plantes ;
Il comprit cet enfant au désert envoyé
Pour y lire de Dieu le livre déployé.
Un soir, assis tous deux, sous les roches voûtées,
Ayant pour frais tapis les mousses veloutées,