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Et les hêtres touffus, les bouleaux, et les chênes
Annonçant la douceur des collines prochaines.
Sous leur ombre il marcha jusqu’au premier gradin
D’où l’œil saisit la plaine et son riant jardin,
Et l’extrême horizon du lac aux bords fertiles,
Dont le myrte et l’orange ont embaumé les îles.

Offrant à la fatigue un asile attiédi,
Là s’ouvrait une grotte au soleil de midi.
D’un bois entremêlé de taillis, de clairière,
De longs vergers en fleurs blanchissaient la lisière.
Les coteaux sinueux qui portent les raisins,
Et les plants d’oliviers, de là semblaient voisins,
Et pourtant des sapins la tête haute et sombre
Versait tout près encor la froideur de son ombre.

Amoureux des jardins et des bois tour à tour,
Dans la grotte paisible il se fit un séjour.
La brise et le soleil, par une large entrée,
Des parfums et des voix de toute la contrée
Lui portaient le tribut. Un charmant arbrisseau
Déployé sur le bord de la voûte en berceau,
Sous un treillis de fleurs et de feuilles pendantes,
Arrêtait de midi les flammes trop ardentes.
L’arbre mystérieux, — il ignora son nom, —
Entre la vie et l’être admirable chaînon,
S’ébranlait de lui-même et par sa propre force,
Comme s’il enfermait un dieu sous son écorce ;
Sans attendre aucun souffle il murmurait des sons,
Ses fleurs dans leurs parfums répandaient des chansons,
Des soupirs presque humains, une plainte si douce,
Que sur le seuil de l’antre, et couché sur la mousse,
Souvent, de ces beaux lieux le nouvel habitant
Oubliait tout un jour de vivre en l’écoutant.