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Ils chantent, pleins d’ardeur, sur la poupe embellie
De trépieds et de rameaux verts,
Et coupent hardiment le câble qui les lie
Aux rochers du vieil univers.
Des femmes sur le bord la troupe est soucieuse.
Vers l’horizon tendant les mains,
Tout un peuple bénit la nef audacieuse
Qui porte l’espoir des humains.


ANTISTROPHE I.

Voici de l’inconnu la nier et ses épreuves,
Rochers sous l’onde et ciel brumeux !
O navire, à tes flancs les Tritons et les Fleuves
Attachent leurs bras écumeux ;
Sur ta proue, au galop de ses cavales noires,
Leur dieu brise char et tridents ;
Les Cyclopes hurlant du haut des promontoires
Te lancent des chênes ardents :
Car du monde où tu vas ces dieux gardent la route,
Par toi leur règne doit finir…
Souffrez en attendant la terreur et le doute,
O nautoniers de l’avenir !


ÉPODE I.

Voguez pourtant, songez au but de ce voyage !
Le chêne de Dodone, interprète du soit,
Sous la voile a parlé comme sous le feuillage,
Et ce mât au vaisseau prophétise le port ;
Orphée en a donné l’espérance certaine ;
Il écoute la voix de la terre, il l’entend ;
Poëte il vous traduit ce que lui dit le chêne,
Et des secrets d’en haut vous instruit en chantant.