Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvait donc sans anachronisme, dans un pareil sujet, animer la forme grecque du souffle chrétien » ajouter aux figures une certaine expression moderne, tout en visant à garder la simplicité des lignes antiques. On pouvait conserver les scènes consacrées, les costumes, les noms païens, avec leur belle ordonnance et leur harmonie, et se servir très-légitimement de tout cela pour exprimer la pensée chrétienne et moderne, c’est-à-dire les vérités éternelles de la philosophie. Ce n’est qu’à cette condition que nous comprenons aujourd’hui l’usage poétique de la mythologie. Rechercher les noms, les récits, les physionomies, les sites grecs et latins, pour ce qu’ils ont de couleur locale, pour rivaliser d’hellénisme avec Homère, Sophocle ou Théocrite, c’est là une fantaisie, permise sans doute aux artistes, mais qui risque fort de n’engendrer que des pastiches plus ou moins fidèles, pareils à ces fruits de marbre peint, qui peuvent tromper l’œil un instant, mais qui se trahissent, même de loin, par le manque de parfum.

L’auteur de ce poëme n’a donc pas prétendu sculpter un bas-relief d’après le ciseau grec, ou régler un drame sur les conditions de la scène antique ; il a pris au monde ancien les personnages, parce qu’ils sont les plus beaux que l’on puisse trouver, les situations, parce qu’elles sont grandes et d’une signification profonde, enfin l’ensemble du sujet, parce qu’il est déjà consacré par l’admiration.

A ces acteurs qui sont des types éternels, qui sont