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La déesse a d’abord du bois plein de mystère
Chassé Faunes, Sylvains. Sa beauté solitaire,
Vierge pour tous les dieux, garde ses doux secrets
Au seul Endymion, fils rêveur des forêts.

Il n’est arbre enchanté, fleur et source magique,
Que n’eût pas reproduit le ciseau liturgique.
L’urne au corps diaphane offre sur ses contours
Des eaux fuyant la main, des troncs saignant toujours.
Là pleure le rocher, et l’écorce palpite,
Quand la hache a blessé la nymphe qui l’habite.
Là, par sa langueur folle à la terre attaché,
Sur son miroir Narcisse est à jamais penché,
Et végète absorbé dans l’amour de lui-même.
Là, pour orner le front du jeune dieu qui l’aime,
Un laurier abondant cache à demi Daphné.
Là, des doigts de Lotis un fruit est déjà né,
Et son corps virginal, dont le pied prend racine,
Semble une fleur s’ouvrant sur sa tige divine.
Quelque chose d’humain transpire de partout,
Et de l’oiseau qui vole et de l’onde qui bout.
Chaque arbuste est paré d’une grâce ravie :
A le voir végéter, on comprend qu’il eut vie ;
Que les êtres issus d’un souffle universel
Font entre eux de la forme un échange éternel.

Enfin du haut d’un mont, sous les pins et les chênes,
Pan, le riche berger, surveille ses domaines.
Les Nymphes près de lui sont assises en rond ;
Deux rameaux verdoyants jaillissent de son front ;
Sa main lient le syrinx appliqué sur sa lèvre,
Et le gazon en fleurs couvre ses pieds de chèvre.
Son visage reluit ; mille étoiles en feu
Argent eut comme un ciel sa poitrine : le dieu