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Tous étaient là gravés, dieux, demi-dieux, héros,
La race des Titans, et ses mille travaux.
Comme l’astre qui point sous l’or sculpté des nues,
Un feu voilé perçait sous ces formes connues.

C’était Pallas donnant ses trésors et son nom
Aux champs où doit surgir le divin Parthénon.
La vierge au casque d’or, forte, belle et pensive,
Frappe le sol d’Attique, et fait jaillir l’olive.

Le front ceint de pavots, assise sur les blés,
Cérès offre aux humains ses seins de lait gonflés.
Sous un gazon plus vert Rhéa cache les tombes.
Aphrodite, bercée au vol de ses colombes,
Au milieu des baisers indique au blond Éros
Une place où le fer défend mal les héros.

Bacchus, le thyrse en main, et la face rougie,
Excite l’univers à la mystique orgie.
Il se roule en chantant sur le crin des lions ;
Là sève autour de lui bouillonne ; les sillons
Versent le grain à flots ; les cratères s’allument ;
Un baume acre et puissant jaillit des fleurs qui fument.
Près du dieu les volcans, les torrents et les bois
Donnent tout ce qu’ils ont de feu, d’ombre et de voix ;
Le Satyre hurlant se tord sous les caresses ;
Tous les êtres vivants confondent leurs ivresses,
Et notre terre enfin, dont Taxe est secoué,
Semble être une Ménade, et crier : Évohé !

Dans l’ombre, au bord d’une eau que le croissant argenté,
Écartant doucement le cytise et l’acanthe,
Comme un rêve divin Phébé vient se poser
Près du pasteur chéri qu’éveille son baiser.