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dont l’histoire de Psyché est le sujet ; le sens moral du symbole y est exprimé, mais au point de vue spécial de l’un des dogmes catholiques. Pour le poète espagnol, Éros est le Christ, Psyché l’âme du Adèle qui aspire incessamment vers lui ; l’hymen des deux amants dans l’Olympe n’est autre chose que l’union mystique de l’homme et de Dieu dans l’eucharistie. Le sens plus général qui se rapporte non-seulement à l’âme, mais à l’humanité, qui contient l’idée de la chute originelle et du retour au bonheur après l’expiation sur cette terre, devait échapper au chanoine de Tolède, dans une époque où la controverse avec les protestants occupait les esprits beaucoup plus que la métaphysique générale du christianisme.

En osant reprendre une donnée si souvent traitée et par tant d’illustres maîtres, l’auteur a suivi une voie toute différente. Il a tiré la pensée de son poëme beaucoup moins du récit fantastique d’Apulée que des images plus simples et plus anciennes de Psyché et d’Eros laissées par les artistes grecs. Les bas-reliefs, les statues, les camées lui ont présenté cette fable dans des conditions plus favorables à l’interprétation philosophique et à la vraie poésie que tout ce qui a été écrit sur le même sujet, depuis le rhéteur latin jusqu’à nos grands poètes modernes.

Presque tous les monuments plastiques qui se rapportent à ce symbole sont, comme lui, d’origine grecque, et, sans contredit, plus voisins qu’Apulée des temps où la légende s’est formée. L’antiquité de quelques-