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vous trouvais toujours prêt à vous dépouiller de votre sérénité et de votre puissance pour en revêtir ma faiblesse et mon ennui.

Mais nous pouvons la continuer encore à travers l’invisible, cette intime communion, ô mon ami ! car votre pensée vit en moi ; elle m’est aussi présente qu’aux heures où vous répandiez sur nous la lumineuse chaleur de votre inspiration. Chaque idée qui s’élève dans mon sein contient quelque chose de vous ; la meilleure part de mon intelligence, c’est votre enseignement toujours vivant. Dieu n’envoie pas des esprits tels que le vôtre pour traverser le monde sans laisser de traces. Les grandes semences de vérité qui furent déposées en vous ne se perdront pas, tant que nous aurons la force de labourer le champ de la parole. Et vous, vous rayonnerez sans cesse sûr nous de là-haut ; par l’intermédiaire de votre âme, nous communiquerons avec la vie divine ; le calme et la force nous viendront toujours de vous. Chaque fois que les bruits de la terre feront silence dans notre cœur, et que le soleil intérieur s’y lèvera ; quand nous serons tous réunis dans une même pensée de poésie et de vertu, alors votre douce image nous sera présente et viendra sourire au milieu de nous comme autrefois.

Recevez donc ce livre ; il a été écrit sous vos yeux ou en face de votre souvenir. Sans doute ces vers ne renferment que de pâles ébauches de la poésie que vous portiez en vous ; tels qu’ils sont vous les auriez aimés pourtant, car nos croyances communes les animent,