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s’emportait en anathèmes contre les hommes et les choses de ce temps ; quand je répandais ma colère et mon mépris, c’était vous toujours qui me rappeliez à la sainte loi de charité, à notre commun idéal de paix et d’amour, dont ne s’écartèrent jamais une seule de vos actions, une seule de vos pensées.

Nul ne fut plus que vous animé de la croyance au Dieu bon ; nul n’affirma plus fortement le bien, commencement et lin de toutes choses ; nul n’oublia mieux les misères de la vie présente dans l’universelle contemplation de l’être et des inépuisables félicités de la vie absolue. La notion divine de l’amour éclairait toutes vos conceptions ; à sa lumière infaillible vous regardiez toute œuvre et toute action dé l’homme ; toutes vos doctrines en jaillissaient. Cette révélation du principe de toute science, vous ne l’aviez reçue de personne ; elle vous venait directement de Dieu. Et moi je me réjouissais de sentir la puissance de votre inspiration supérieure ; j’y trouvais un guide pour mon esprit, un soutien pour ma volonté.

Je vous ai rencontré à l’heure où commence la jeunesse, vous êtes parti à l’heure où la jeunesse s’en va ; notre amitié représente pour moi tout ce que le matin de la vie a de nobles aspirations, de saintes croyances, d’ardents dévouements. C’est vous qui, durant ces trop courtes années, avez pénétré le plus profondément dans les replis de ma conscience ; j’aimais à vous en faire toucher les palpitations les plus