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et de la cabale y sont si intimement mêlées aux conceptions les plus hautes de la philosophie et à d’anciennes traditions génésiaques, que c’est pour nous comme un hiéroglyphe dont nous ne possédons pas la clef. A travers tous les détails dont Apulée a chargé les faits essentiels et primitifs, le sens de la fable ne pouvait plus être entièrement compris que d’un petit nombre d’initiés et d’adeptes. Vraisemblablement, ces allégories renferment une partie de la doctrine des gnostiques ; mais la plupart des incidents sont si bizarres, qu’ils semblent le plus souvent ne relever que de la fantaisie du conteur, sans se lier dans son esprit à une pensée philosophique. En lisant le récit d’Apulée sans nom d’auteur et sans date, on pourrait n’y voir qu’un conte amusant, le plus ancien de nos contes de fées, imité dans plusieurs d’entre eux, et notamment dans l’histoire si populaire de la Belle et la Bête.

Cependant, au milieu des fantasques ornements et de l’exubérance de couleurs allégoriques dont l’écrivain de la décadence ; le philosophe accusé de magie, a recouvert la forme originelle de ce mythe, on en retrouve bien vite les lignes primitives dans leur féconde simplicité ; on arrive ainsi à une donnée si élégante, si claire, si profonde, que l’on est forcé d’attribuer au mythe de Psyché une source bien autrement respectable que l’imagination d’un rhéteur africain du deuxième siècle de notre ère. Apulée n’a rien fait que défigurer cet admirable symbole ; il ne l’a