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Ivre de ces senteurs, des bruits de ce concert
Plein d’encens et de flammes,
Tu comprends que ton âme, en s’ouvrant au désert,
À respiré des âmes.

Car tu vins t’y plonger pâle, épuisé, traînant
Ton corps, ton cœur malades ;
Et la vie en toi coule et gronde maintenant
Comme l’eau des cascades.

La neige s’est fondue, aux rayons du vrai jour,
Sur ta lèvre engourdie ;
L’urne de ta pensée, au toucher de l’amour,
Déborde en mélodie.

L’arbre a repris sa feuille et ses vertes couleurs,
Et ses divins murmures ;
Au moindre vent, ses fruits pleuvront avec des fleurs ;
Ses pommes d’or sont mûres.

Tresse, au bord du verger, tresse encor, pour demain,
Des corbeilles plus grandes,
Et va parer l’autel où ta stérile main
N’apportait plus d’offrandes.

Le désert t’a rendu cette vertu d’aimer
Que l’homme t’a ravie…
Et l’on nie à ce sein qui t’a pu ranimer
D’avoir en soi la vie !