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Je te prends, rose de mystère,
Pour t’abri ter de ma pudeur ;
Dieu seul, sous ton feuillage austère,
Saura quelle est ta douce odeur.

Sous d’autres feux que ceux de l’âme
Jamais tu ne voudras fleurir ;
Mais tu connaîtras, pauvre femme,
Tous les amours qui font souffrir.

Tu boiras à l’éponge amère
Qui m’abreuve au pied de la croix ;
Et le glaive en ton cœur de mère
Comme au mien plongera sept fois.


SAINTE VICTOIRE


La vie en fleurs m’offrit ses plus chères délices.
Quand tout me souriait, jeunesse, honneurs, beauté,
J’ai des mornes prisons choisi la volupté ;
J’ai pris Dieu pour époux, dans l’horreur des supplices.

Plus cruels à mon cœur que le fer et le feu,
J’ai subi les assauts de deux amours contraires :
Ma foi m’a fait trembler pour mon père et mes frères ;
J’ai vu ceux que j’aimais ennemis de mon Dieu.

Mais le ciel m’a rendu ma maison douce et calme ;