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La neige est trop blanche et trop belle ;
Qu’un limon vil fonde avec elle
Pour grossir nos flots irrités !
Allons, roulant ce noir mélange,
Noyer dans une mer de fange
Votre orgueil et vos lâchetés.


FRANTZ


Moi, je veux que le cri de mon âpre justice
Égale ces rugissements ;
Afin que l’âme aussi gronde et vous avertisse
Jusqu’à l’heure des châtiments.

Vous savez s’il jaillit de quelque lâche envie,
L’anathème que j’ai lancé ;
Leurs coups ne sont pour rien dans le deuil de ma vie ;
Je ne suis pas leur offensé.

Mais je maudis en eux leur propre servitude,
L’orgueil qui leur cache leurs fers,
Leur main cupide osant,- jusqu’en ma solitude,
Dépouiller les dieux que je sers.

Je les hais de l’amour que j’ai pour la nature,
Les vieux droits et la liberté.
Je puis mêler sans honte à votre saint murmure
La voix de l’honneur