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Ici je n’entends plus gronder comme une injure
La voix des cités que je hais ;
Si je puis respirer ton silence, ô nature,
Je serai guéri pour jamais !

Je suis venu croyant à ta verte jeunesse,
A l’éternité du désert,
T’apportant, pour qu’un jour leur empire y renaisse,
Mes dieux dont le culte se perd.

J’ai cru que la forêt, m’abritant sous sa robe,
Régnait en paix sur tes hauteurs…
Mais voilà que j’entends, sur ces confins du globe,
Crier les outils destructeurs !


LES SAPINS


Oui, les bois gémissants sont pleins de noirs présages ;
Un monde qui t’est cher avec nous disparaît.
Viens donc ! Recueille encor les leçons des vieux âges
Dans les derniers soupirs de la sainte forêt !

Elle meurt ! Nos remparts de rochers et de neige,
Rien n’arrête un seul jour ce siècle audacieux ;
Les chênes sont tombés sous un fer sacrilège,
Le même dont il frappe et les rois et les dieux.

C’est notre tour, à nous, de combler les abîmes !
Souillant sa chevelure aux fanges du torrent,