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II

À une jeune fille poète


 
Si j’étais jeune fille, et si, dans ma saison,
J’étais belle et poëte,
Pour chanter, j’aimerais mieux un nid de pinson
Qu’un trépied de prophète ;
Je saurais peu quel vent pousse l’humanité
Et quel trône vacille ;
Mais je dirais son nom à chaque fleur, l’été,
Si j’étais jeune fille.

Je n’aurais jamais lu nos apôtres nouveaux ;
Aimant ce qu’ils méprisent,
Moi, j’irais par les bois dérober aux oiseaux
Les secrets qu’ils se disent ;