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la philosophie positive, l’athéisme et le matérialisme comme un grand progrès sur la religion chrétienne, et qui proclament la fin de toutes les religions, admettent comme le dernier terme du perfectionnement de l’art son mélange avec l’industrie. L’art, pour eux, n’est qu’un instrument de bien-être plus raffiné. Cette doctrine n’implique que la diffusion et la production plus faciles des œuvres d’art, mais non pas la perfection intrinsèque de chacun d’eux et l’accroisssement de sa sphère. Pour rêver un renouvellement, une transformation, un accroissement de l’art, une phase nouvelle de son histoire, analogue à celles qui se sont produites par l’avènement de la statuaire et du génie grec après l’art égyptien, par l’avènement de la peinture avec le génie chrétien, par le développement de la musique avec le naturalisme de la Renaissance et le vague humanitarisme du dix-huitième siècle, il faut rêver aussi l’apparition d’une religion nouvelle. Mais quand on est convaincu de la stabilité et de l’éternité du christianisme, on doit croire aussi que le progrès des arts s’est achevé dans son sein avec celui de la métaphysique et de la morale.

Cela ne veut pas dire que les arts soient finis, ils ne finiront qu’au moment où finira le spiritualisme religieux. Le jour où la philosophie positive et les progressistes humanitaires auront détruit, comme ils l’espèrent, les derniers vestiges du christianisme, ils auront complètement aboli les derniers principes de l’art.