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ISMÈNE.

Vieillards ! mon frère est mort, je vous le disais bien !
Mon cœur avait senti la blessure du sien.
Ô cher Harmodius, permets que je te suive :
Nul amour, nul devoir, n’ordonne que je vive !

Elle se jette sur le corps d’Harmodius et le tient embrassé.

 

UN CONJURÉ.

Vieillard ! Hipparque est mort ! et voici ses vainqueurs.
Fier, et nous mesurant de ses regards moqueurs,
Méprisant notre nombre et cette arme illusoire,
Entouré de soldats, savourant sa victoire,
Le tyran s’approchait, certain qu’on aurait fui.
D’un élan imprévu nous bondissons sur lui,
Et comme un coin d’acier, fendant la frêle écorce,
Pénètre au cœur de l’arbre et s’enfonce avec force.
De ses amis troublés nous perçons le rempart :
Le noble Harmodius l’atteint de son poignard,
Et d’un fer aussi prompt l’autre héros l’achève.
Mais tous deux, à la fois, tombent frappés du glaive.
Terribles, excités par ces généreux morts,
Sur l’infâme troupeau nous redoublons d’efforts :
Le maître n’étant plus, tout fuit ; le vil cortège,
Sous notre ardent courroux se fond comme la neige.
Encore un coup pareil, et, relevant ton front,
Tu seras libre, Athène, et les lois régneront !


LE CHŒUR.

Hélas ! avant ce règne auguste et pacifique,
Combien de deuils encore assombriront l’Attique !
Du sang de deux héros précieux à l’État