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LE CHŒUR.

Oui, jeune homme, il est beau d’aller au premier rang
Combattre pour sa ville et verser tout son sang ;
Mais, sans l’ordre des dieux, et par sa seule envie,
Nul homme n’a le droit d’abandonner la vie,
Et le supplice attend, près du Styx odieux,
Ceux qui veulent ainsi mourir malgré les dieux.


HARMODIUS.

Je suis soumis aux dieux d’Athène et de la Grèce ;
J’ai reçu de leurs mains cette arme vengeresse ;
Mon cœur m’a dit bien haut que leur ordre est venu,
lit je vais, sans terreur, affronter l’inconnu.
C’est la sainte Pallas que je sens dans mes veines ;
Je reconnais sa trace à des clartés sereines.
Il faut, m’a-t-elle dit, que sa cité sans roi
Soit aujourd’hui vengée et soit libre par moi !
Du sang qui doit couler dans les Panathénées
Germeront pour nos fils de hautes destinées.
J’obéis !… O ma sœur, soyons forts tous les deux ;
Rentre dans ta maison, va supplier les dieux ;
Sois soumise au destin, laisse-moi mon courage ;
Sèche tes yeux… Les pleurs sont d’un mauvais présage.


ISMÈNE

Qui ne pleurerait pas, quand, jaloux de mourir,
Un frère au coup fatal va lui-même s’offrir !


HARMODIUS.

S’il le faut, je mourrai, je te le dis sans feinte.