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L’àme dort d’un profond et lugubre sommeil,
Satisfaits des travaux et des amours faciles,
Ils passent à l’écart de nos luttes civiles,
Incapables de haine, et de leur ton moqueur
Raillant le saint courroux qui gonfle votre cœur.


SECOND CHŒUR.

Cesse, ô vieillard, ta longue plainte.

Va ! chez ce peuple audacieux
La jeunesse n’est pas éteinte,
Pas plus que le soleil aux cieux.
Quand ton pâle hiver se lamente,
La sève dans nos bois fermente,
L’amour réveille les oiseaux ;
Et dans l’ombre qui s’évapore,
Les coursiers rouges de l’Aurore
Bondissent déjà sur les eaux.

Sous la neige, au fond du cratère,
Bouillonne un métal dévorant ;
Les impuretés de la terre
Disparaîtront sous ce torrent ;
Et ceux dont la fière sagesse,
De cette lave vengeresse
Accuse aujourd’hui la torpeur,
Devant son déluge sublime
Fuiront tremblants de cime en cime,
Vieillard, et toi-même auras peur !

L’àme de vos fils se recueille,
Et songe, vous laissant parler ;

Et, comme la fleur sous la feuille
.