Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/326

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De plus près, tous les deux, nous pourrons nous connaître
Que la coupe soit d’or, ou qu’elle soit d’airain,
Sois sûr que j’y boirai souriant et serein.


HIPPARQUE.

Le sourire est douteux de ta froide réponse :
Est-ce la haine encore, ou la paix qu’il m’annonce ?
Aurez-vous donc toujours cette ingrate fierté
Pour l’homme qui se voue à régir la cité ?
Rêveurs ! vous bâtissez dans vos contes d’aïeules
Un État où les lois régneraient toutes seules ;
Vous louez le passé, mais pour insulter mieux
Le droit nouveau des chefs appelés par les dieux.
Il faut partout un maître, en toute république ;
La loi n’est rien, tout est dans l’homme qui l’applique.


LE CHŒUR.

Zeus tout puissant aima la splendide Thémis ;
À leur fille, la Loi, le ciel même est soumis ;
Elle a précédé l’homme et les dieux sur la terre,
Et tout doit se courber sous son joug salutaire


HIPPARQUE.

Qu’il soit dans la cité tyran, archonte ou roi,
La volonté d’un sage est la meilleure loi.


SIMONIDE.

J’aime un heureux État où, franchement bannie,
La loi n’entrave pas un tyran de génie !