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Qui va semant partout ses paroles perfides,
De l’Hymette à Colone, et du gymnase au port,
Réveillant, comme il dit, le lion qui s’endort ;
Pleurant Solon, ses lois, ses exemples suprêmes…
Mais Solon, mais ses lois, mais son cœur, c’est nous-mêmes !
En faveur des petits, nous pesons sur les grands ;
Et c’est le peuple entier qui nous veut pour tyrans :
Il veut qu’on le nourrisse, et non qu’on le harangue.
Ne prétends plus, chez nous, t’illustrer par ta Langue.


ARISTOGITON.

Le noble Hipparquc, ami des poètes fameux,
Me connaît mal, peut-être, en me jugeant comme eux :
Si je veux m’illustrer loin des plaisirs frivoles,
C’est par des actions, et non par des paroles.


HIPPARQUE.

J’honore tes exploits avant qu’ils soient commis…
Je ne veux plus avoir de pareils ennemis :
Harmodius et toi, ce soir je vous invite.
Fêtons, après Pallas, Bacchus chez Aphrodite.
Vous saurez si, chantant Bathylle à ses genoux,
Anacréon n’est pas le plus sage entre nous.
Moi, j’aimerais à voir, au milieu de ce groupe,
Comme l’ami des lois vide et remplit sa coupe,
Comme il porte le vin, et s’il a de l’esprit
Quand Myrrha le taquine, et comment il sourit.


ARISTOGITON.

Noble Hipparque, avec toi je souperai peut-être ;