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LE CHŒUR.

Quels généreux efforts avez-vous donc tentés ?
Par un coup de vertu vous seriez remontés !
Mais la jeunesse dort dans l’orgueil de ses vices ;
On ne la dresse plus aux mâles exercices ;
Les frugales vertus ne sont plus en honneur,
Et chacun veut sa part d’un luxe empoisonneur.
L’éphèbe, atteint déjà des hontes d’un autre âge,
Estime la richesse au-dessus du courage ;
Et l’or met plus souvent ses souillures aux doigts
Des jeunes d’aujourd’hui que des vieux d’autrefois.


ARISTOGITON
.

Tu fais bien, ô vieillard, de louer les ancêtres
Pauvres, laborieux, ne souffrant pas de maîtres ;
De vanter le passé pour nous rendre jaloux,
Et nous donner le cœur d’aller plus haut que vous.
Ne dis pas cependant que dans l’ombre où nous sommes
Plus rien ne brûle au cœur des pâles jeunes hommes,
Va, si quelque étincelle, en cet hiver trompeur,
Doit des bons citoyens réveiller la torpeur,
D’un courroux généreux, si la cité s’embrase,
Le feu sourdement couve à l’école, au gymnase.
Si quelque grand coupable est immolé demain,
Le coup sera porté par une jeune main.


LE CHŒUR
.

Où sont-ils ces vaillants, fils de pères timides,
Fidèles à Solon sous les Pisistratides ?