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ARISTOGITON.

Je pardonne à ceux-là qu’en d’autres républiques
Obligent à régner les coutumes antiques ;
Qui, tenant de leur race un pouvoir absolu,
Sont rois comme on est homme, et sans l’avoir voulu.
Les barbares, ainsi, sont gouvernés sans crime,
Et tiennent pour un dieu leur prince légitime.
Mais nous, Grecs, nous surtout, peuples athéniens,
Nous sommes tous des rois, étant tous citoyens ;
Notre État n’admet pas de chef héréditaire ;
Chacun possède en paix sa famille et sa terre ;
On n’offre à nul mortel des tributs odieux,
La loi seule commande, et les dieux seuls sont dieux.
Aussi lorsqu’un pouvoir, fût-il celui d’un sage,
N’est pas issu des lois et du libre suffrage,
Qu’il est né de la force et veut être éternel,
Et qu’un homme y prétend, comme au champ paternel,
L’ambitieux qui tient cette place usurpée,
Sous un rusé manteau cachât-il son épée,
Nous le nommons tyran, ce nom est un arrêt…
La sainte Némésis trouve un glaive tout prêt.


LE CHŒUR.

Sous d’habiles tyrans qui gouvernaient en pères.
J’ai connu des cités puissantes et prospères :
On n’y regrettait point l’empire de la loi,
Et les jours orageux où le peuple était roi.
Nous vivons dans la paix sous les Pisistratides,
Et Solon nous laissa querelleurs et mutins…