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Du toit de sa maison, le matin, ne plus voir
L’Hymette et sa blonde couronne !
Sous les lauriers ombreux ne plus ouïr, le soir,
Tes doux rossignols, ô Colone !

Ne plus vous embrasser, ô port, ô long rempart,
Du haut de l’Acropole sainte,
Dans ce fluide azur qui porte le regard,
Au delà des flots, vers Corinthe !

Ne trouver nulle part, si beaux que soient les lieux,
Un lieu dont le cœur se souvienne !
N’être plus salué des sons mélodieux
De la parole ionienne !

Ne plus savoir le nom des marins dans le port,
Des vierges autour des fontaines !…
L’exil est plus qu’un deuil, l’exil est une mort,
Lorsque la patrie est Athènes.


ARISTOGITON.

Du citoyen qui pense et parle fièrement,
L’exil est le recours s’il n’est son châtiment.
L’exil atteint tous ceux qu’on aime et qu’on renomme,
Quand règne, au lieu des lois, le caprice d’un homme.
Comptez tous les grands cœurs et tous les gens de bien
Arrachés par l’exil au sol athénien,
Depuis que cette foule, aveugle autant qu’ingrate,
A renié Solon pour croire à Pisistrate !
Le flatteur seul prospère à l’ombre du tyran ;
Les plus vils, en un jour, montent au premier rang.