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L’Hermès aux pieds ailés qui répand ta parole
Ont effleuré mon cœur sur nos sommets gaulois.

Le céleste coureur a délié ma chaîne :
J’ai tenté vers l’Hymette un amoureux essor ;
J’ai goûté dans le creux de ma feuille de chêne
Le miel que tu versais à pleines coupes d’or.

Vers ce cap Sunium d’où la mer est si belle
Tes sages m’ont admis à leurs doux entretiens ;
Leur sourire a coulé dans mon âme immortelle
Et depuis ce temps-là, mère ! je t’appartiens.

Si parfois, à défaut du marbre et de l’ivoire,
Taillant mon dur granit j’esquissai le vrai beau,
Si j’ai tiré des dieux de notre lave noire,
C’est qu’un de tes sculpteurs a guidé mon ciseau.

Si j’ai l’amour des lois, l’horreur des tyrannies,
Tenant la liberté pour le premier des biens,
C’est qu’écolier, docile à tes mâles génies,
Je fus, dès mon enfance, un de tes citoyens.

Quand je cueille, en rêvant, une palme guerrière,
C’est parmi tes soldats, aux champs de Marathon ;
Le Verbe à qui je dois l’éternelle lumière,
Tu me l’as annoncé par la voix de Platon.

Je sais qu’aux noirs combats Rome fut plus savante,
Que, d’un vers dédaigneux t’accordant les beaux arts,
Du seul art d’opprimer son poète la vante,
Et que ses flancs de louve ont porté les Césars.