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L’ivoire qui, dans l’air, jette un soupir touchant,
Frappe ta blonde tête où s’éteint le sourire,
Et brise, au même coup, le chanteur et la lyre.
Étanchez dans les fleurs le sang à ses cheveux,
Nymphes ! Pleurez sur lui, sur ces hommes pieux
Qui, voulant de leur âme animer la matière,
Tomberont, comme lui, brisés par le vulgaire !
Si tu crains le martyre, étouffe tes chansons,
Ô poète ! La mort te paiera tes leçons.
Les peuples lasseront ta sagesse déçue :
N’offre jamais la lyre à qui tient la massue !

Tous étaient là gravés : dieux, demi-dieux, héros,
La race des Titans, et ses mille travaux.
Comme l’astre qui point sous l’or sculpté des nues,
Un feu voilé perçait sous ses formes connues.

C’était Pallas donnant ses trésors et son nom
Aux champs où doit surgir le divin Parthénon.
La vierge au casque d’or, forte, belle et pensive,
Frappe le sol d’Afrique et fait jaillir l’olive.

Le front ceint de pavots, assise sur les blés,
Cérès offre aux humains ses seins de lait gonflés.
Sous un gazon plus vert Rhéa cache les tombes.
Aphrodite, bercée au vol de ses colombes,
Au milieu des baisers, indique au blond Éros
Une place où le fer défend mal les héros.

Bacchus, le thyrse en main et la face rougie,
Excite l’univers à la mystique orgie.
Il se roule en chantant sur le crin des lions ;