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LA SŒUR CADETTE.

Rendre lisible à l’imprimeur
Le brouillon d’un futur volume.

Déchiffrer mes vers d’un œil sûr
Et copier jusqu’à ma prose,
C’était ton métier le plus dur…
A présent, c’est bien autre chose !

Il ne suffit pas de charmer ;
Il faut, en bonne ménagère,
Prévoir, compter, ouvrir, fermer,
Être lieutenant de la mère ;

Contenter de mille façons,
Sans que nul ne geigne, ou ne grogne,
Un vieux père et trois grands garçons…
Ce n’est pas petite besogne !

Et tu la fais d’un ton si doux,
Avec une bonté si pleine,
Que le cœur seul souffre chez nous
De l’absence de notre Hélène.

Et c’est toi le plus longuement
Qui, parmi tes grandes affaires,
Viens écouter, esprit charmant,
Mes radotages littéraires.

Où trouverai-je une douceur
Après ce jour que j’appréhende,
Lorsque Adda, la petite sœur,
Nous manquera comme la grande ?