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LA RUCHE.


Au bout d’une plaine jaunie,
Le soleil rougit, par instants,
Non l’azur des mers d’Ionie,
Mais l’eau grise de nos étangs,

J’aperçois, du vert promontoire
Dont ma ruche est le Parthénon,
Un long fil d’argent… c’est la Loire,
Modeste encore et sans renom.

Mais la nature est bonne mère ;
Nous aussi nous avons nos fleurs.
Le laurier, la rose éphémère,
Germent ici tout comme ailleurs.


III


Vous, les abeilles vagabondes,
Avant de peupler ce jardin,
Combien avez-vous vu de mondes
En venant chez nous de l’Éden ?

Vous qui, de la sagesse antique,
Gardez encor les douces lois,
Êtes-vous filles de l’Attique,
Abeilles des chênes gaulois ?

Peut-être, en buvant les rosées
D’Éleusis et de Marathon,