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LES VACANCES.


Ce pâtre industrieux nous instruit, sur les landes,
Tressant l’osier flexible ou découpant le bois ;
Du lait de ses troupeaux, du miel de ses légendes,
Le rustique chanteur nous abreuve à la fois.

Avec nous le semeur, à l’affût d’un présage,
Interroge le ciel si prompt à varier ;
Conduite sous nos yeux, l’œuvre du labourage
Nous apprend le respect de son mâle ouvrier.

Partout c’est un conseil inculqué par l’exemple ;
Et le soir, en rentrant, disciples des forêts,
Pleins du vivant esprit qui souffle dans ce temple,
Nous savons mieux prier, voyant Dieu de plus près.

Ainsi, même en nos jeux, l’étude se consomme,
Et, du sombre lycée aux lumineux sommets,
Sur les pas de l’enfant, pour en tirer un homme,
Marche un doux précepteur qui ne s’endort jamais.

Venez donc et montons à travers les bruyères,
Aspirant l’air chargé de parfums et d’accords,
Qui, des flots et des fleurs, porte en haut les prières.
Nous travaillons pour l’âme en exerçant le corps.

Toute vertu s’accroît de leur mâle équilibre,
Dans ces temps de bassesse et d’appétits sans frein,
Il faut, pour rester juste, il faut, pour rester libre,
Un ferme cœur servi par des membres d’airain.

Aussi bien qu’un penseur le sage est un athlète ;
Un fier combat l’attend, à toute heure, en tout lieu.