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LES ENFANTS SONT PARTIS.

De lire, ailleurs que dans un livre,
La parole qui vient des cieux.

Que je sois triste et que je reste
Dans la ville avec les moqueurs,
Pourvu qu’aux champs la fleur céleste
Fleurisse dans vos petits cœurs !

Quand la chaude haleine du hâle
Brunit vos cous, vos bras chéris,
Qu’importe que mon front soit pâle
Et mes vieux os endoloris ?

Ma tâche est presque terminée ;
Encor quelques heures d’efforts…
Vous, au début de la journée,
Vous avez besoin d’être forts.

Vous grandissez pour la vengeance
Et pour l’honneur de vos aïeux.
Aimez comme moi notre France,
Et tâchez de la servir mieux !

Sur les sommets des vieilles Gaules
Respirant notre air nourricier,
Faites-vous de fermes épaules,
Des bras de fer, des pieds d’acier.

Après cette école champêtre,
Il faudra, mes coureurs hardis,
Que j’hésite à vous reconnaître,
Tant je vous trouverai grandis.