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LOIN DU FOYER.

Faut-il payer l’amer dictame
Qui soulage à peine mon corps ?

Hélas ! s’il me faut pour revivre
Un air plus tiède, un ciel plus doux.
Ne puis-je, à côté de mon livre,
Trouver mon soleil près de vous ?

Enveloppé de votre haleine,
Serré dans vos bras grands ouverts,
Comme le bélier dans sa laine,
Je braverais les noirs hivers.

Mais, puisqu’un autre arrêt l’emporte,
Que c’est votre avis, ce matin,
Que la science est la plus forte
Et m’ordonne un soleil lointain…

De la Provence coutumière
Je reprends le tiède sentier ;
Dans ses parfums, dans sa lumière,
Je me plongerai tout entier.

Mon corps, mon cœur, ma poésie
Rajeunis dans ces lieux brillants,
De ces bains de chaude ambroisie
Sortiront joyeux et vaillants.

Oui, la vigueur me fait envie !
Mon grand combat n’est pas livré ;
Je veux m’attacher à la vie,
Car c’est pour vous que je vivrai.