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LE LIVRE D’UN PÈRE.


Le tapage que vous ferez,
Vos cris… je les absous d’avance,
Jamais vous ne m’affligerez,
Chers petits, que par le silence.

Seul à seul ou tous à la fois,
Disons-nous toujours quelque chose !
Mais que j’entende votre voix :
Sinon, me voilà tout morose.

Parlez-moi, ne me cachez rien ;
Vous n’avez pas peur, je l’espère !
Jamais, quand il vous aime bien,
On ne parle assez à son père.

Je vous ai souvent raconté
Mes souvenirs si vifs encore.
Vos grands parents et leur bonté…
Vous savez si je les adore.

S’ils furent tendres, indulgents,
Leurs portraits sont là pour le dire ;
Voyez ces yeux intelligents
Qui vous cherchent pour vous sourire.

Ces deux grands cœurs en qui j’ai foi
M’ont dit, à leur heure dernière :
« Mon fils, je suis content de toi ! »
C’est le prix de ma vie entière.

Eh bien, quand je songe à ces morts
Qui m’ont absous de toute faute,