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XII

LES DEUX PORTRAITS





Pour que du vieil honneur ta maison soit le temple,
Suspends-y ces portraits, mes témoins, mon exemple,
Devant qui, le matin et le soir, à genoux,
J’ai fait, durant vingt ans, ma prière avec vous ;
Qui, d’un œil vigilant, nous regardaient en face,
Et, tant que j’ai vécu, n’ont pas quitté leur place.
Mes pilotes sacrés, toujours au gouvernail,
Ils surveillaient d’en haut ma table de travail.
Je les interrogeais dans les temps difficiles ;
Ils tenaient mon esprit, mon cœur, ma main, dociles
Te cherchais dans leurs yeux à lire mon devoir ;
J’y trouvais le conseil et le don de vouloir,
Et les sages pensers dans mon âme soumise
Descendaient et régnaient par leur douce entremise.