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Tourbillonner sous lui, comme une neige d’or,
Tout ruisselants de vie et pressés dans l’espace,
Les rapides soleils qu’en son vol il dépasse.
En mille sons divers, vibrant sur leurs essieux,
De leur musique immense ils remplissent les cieux.
Sur ce clavier, docile aux doigts de l’invisible.
Plane de Béatrix la voix pure et paisible ;
Et l’esprit de Konrad, libre enfin de son corps,
S’élève, enveloppé de ces divins accords.


BÉATRIX.

Gloire au cœur téméraire épris de l’impossible.
Qui marche, dans l’amour, au sentier des douleurs,
Et fuit tout vain plaisir au vulgaire accessible.

Heureux qui sur sa route, invité par les fleurs,
Passe et n’écarte point leur feuillage ou leurs voiles,
Et, vers l’azur lointain, tournant ses yeux en pleurs,

Tend ses bras insensés pour cueillir les étoiles.
Une beauté, cachée aux désirs trop humains,
Sourit à ses regards, sur d’invisibles toiles ;

Vers ses ambitions lui frayant des chemins,
Un ange le soutient sur des brises propices ;
Les astres bien-aimés s’approchent de ses mains ;

Les lis du paradis lui prêtent leurs calices.
Béatrix ouvre un monde à qui la prend pour sœur,
À qui lutte et se dompte et souffre avec délices,