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J’ai vu d’autres que toi forcer des cœurs fidèles
À ramper sous un joug, énervés à jamais ;
Toi, tu m’as rendu libre et m’as donné des ailes ;
Ton souffle m’a poussé vers les chastes sommets.

En chassant de mon cœur les idoles vulgaires,
Ce généreux amour m’a laissé mes vrais dieux ;
Au pied de leurs autels, que J’oubliais naguères,
En prononçant ton nom je les adore mieux.

Depuis que j’aime en toi, dans tes grâces paisibles,
Ces splendeurs de l’esprit qu’annonce un front charmant,
Dans mon cœur, plus ému des beautés invisibles,
Le doux charme du bien agit plus fortement.

Sur tous les malheureux j’ai plus d’âme à répandre ;
Je crois à la vertu d’une plus ferme foi.
Ceux que je dois aimer, ceux que je dois défendre,
Possèdent mieux mon cœur, depuis qu’il est à toi.

Tu m’as rendu la force avec le don des larmes.
Avec ces pleurs cachés, sources des grands desseins,
Qu’à l’heure du combat, pour y tremper leurs armes,
Versent, en s’immolant, les héros et les saints.

Il est parti le doux message ;
Je pleurais bien en l’écrivant ;
Dieu le guide, il s’est fait passage !
Il parviendra le doux message ;
Pleure encore en le recevant.