Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je viendrai, dans tes sombres heures,
T’ouvrir les deux bras de la croix.

C’est peu de souffrir sans révolte,
Sachons féconder chaque pleur ;
Aimons Dieu ! l’amour seul récolte
Les fruits semés par la douleur.

Peut-être que ta gerbe est mûre,
S’il y pleut une larme encor ;
Tu risquerais, par un murmure,
De flétrir ses mille épis d’or.


KONRAD.

Il est des maux portant avec eux leurs délices,
Où des belles vertus les germes sont semés…
Nulle fleur n’éclora dans mes âpres calices ;
Leur poison m’est venu des cœurs les plus aimés.

Sous le fer des méchants je tombai sans blasphème.
Mais, par des coups secrets que je ne puis trahir,
J’ai souffert trop souvent des vertus elles-mêmes…
Je veux les oublier !… et crains de les haïr.


ROSA.

J’ai vu répandre bien des larmes
À de pauvres yeux délaissés ;
Par le sourire, ou d’autres armes,
J’ai connu bien des cœurs blessés.