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Et bien des chars, ployant sous l’heureuse vendange,
Escortés des enfants, sont partis pour la grange.

Au pas lent des taureaux, les voilà revenus,
Rapportant tout l’essaim des marmots aux pieds nus.
On descend, et la troupe à grand bruit s’éparpille,
Va des chars aux paniers, revient, saute et grappille ;
Près des ceps oubliés se livre des combats.
Qu’il est doux de les voir, si vifs dans leurs ébats,
Préludant par des pleurs à de folles risées,
Tout empourprés du jus des grappes écrasées.


BERTHE.

Vois ces garçons frais et joyeux ;

Le plus beau, c’est encor le nôtre ;
Comme il sourit de ses grands yeux !
Comme il nous cherche l’un et l’autre !

Depuis que Dieu me l’a donné,
Ce fils, ta souriante image,
Je crois dans mon cœur étonné

Que je t’aime encor davantage.



FRANTZ.

Oui, notre âme agrandie est plus pleine d’amour.
Dieu nous a fait largesse.
Ma maison et mon cœur ont reçu dès ce jour
La suprême richesse.

Sois bénie à jamais avec ton fruit charmant,
Ô branche maternelle !