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Pour un vain ornement ces casques sont trop lourds :
Tes fils ne sont pas à ma taille.

À quoi nous gardez-vous ? épargnez à ce fer
Un sordide emploi qui le souille ;
Il trouve en ces débris un tombeau noble et fier ;
Qu’il meure ignoré dans sa rouille !

Entre vos faibles mains que puis-je devenir,
Moi, l’instrument des épopées ?
Emportez des aïeux quelque autre souvenir ;
Ne touchez pas à leurs épées.


CHŒUR DES VAMPIRES.

Nous sommes l’avenir ! nous venons par troupeaux,
Ronger sous leur drap d’or les restes des empires.
À nous vos champs, vos toits, vos armes en lambeaux ;
Vous êtes énervés, vos enfants seront pires ;
lis sont impuissants même à garder vos tombeaux,
À nous la chair des morts, nous sommes les vampires !

Nourris avec les loups dans les neiges du nord,
Eclos avec les vers dans les fanges des villes,
Nous allons réveiller l’Europe qui s’endort.
Le sceptre des saints rois échoit aux mains serviles,
Adieu les lois, les arts et les grandeurs civiles.
Ruons-nous sur le monde, ouvriers de la mort.