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Et, si vient quelque enfant par l’éclair abusé
Il tombe au noir cratère,
En respirant, du mont que la flamme a creusé,
Un souffle délétère.




II



Préfère donc, mon âme, à cette cime en feu,
Dont l’éclair n’est qu’un piège,
Le sommet froid et pur, paré, sous un ciel bleu,
D’un long voile de neige.

Son rempart de glaciers t’épouvantait d’abord.
Sa froideur te repousse ;
Mais ses pieds sont fleuris, mais un flot clair en sort
Et coule dans la mousse.

Sitôt que le soleil, de ses lèvres d’amant
Portant la vie en elles,
Rougit sous ses baisers et presse doucement
Les neiges éternelles.

Ce mont n’a pas de feu, mais pas de gouffre obscur,
Pas de cendres éteintes ;
Mais les rayons du ciel embrasent son front pur
De leurs plus vives teintes ;

Il emprunte d’en haut tout l’éclat dont il luit ;
Sa blancheur se colore