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sur les probabilités.

sieurs philosophes ont bien développé cet objet qui, jusqu’à présent, constitue la partie réelle de la Métaphysique.

C’est en vertu de ce principe que l’on parvient à estimer les distances à la simple vue. Une comparaison souvent répétée du mètre avec diverses distances qui en contiennent des nombres entiers, imprime dans la mémoire ces traces associées aux nombres de mètres qui leur correspondent. La vue d’une distance que l’on veut apprécier réveille ces traces ; et si l’une d’elles s’adapte exactement ou à fort peu près à l’impression de la distance que l’on a sous les yeux, on juge que cette distance renferme le nombre de mètres associé dans la mémoire à la trace qui paraît lui être égale. C’est encore ainsi que l’on parvient à estimer le poids des corps, en les soupesant.

On peut établir en principe de Psychologie, que les impressions souvent répétées d’un même objet sur divers sens, modifient le sensorium, de manière que l’impression intérieure correspondante à l’impression extérieure de l’objet sur un seul sens, devient très différente de ce qu’elle était à l’origine. Développons ce principe, et pour cela, considérons un aveugle de naissance auquel on vient d’abaisser la cataracte. L’image de l’objet qui se peint sur sa rétine, produit dans son sen-