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essai philosophique

sympathiques excités à la fois dans un grand nombre d’individus, s’accroissent par leur réaction mutuelle, comme on l’observe au théâtre. Le plaisir qui en résulte, rapproche les personnes d’opinions semblables, que leur réunion exalte quelquefois jusqu’au fanatisme. De là naissent les sectes, la ferveur qu’elles excitent, et la rapidité de leur propagation. Elles offrent dans l’histoire les plus étonnans et les plus funestes exemples du pouvoir de la sympathie. On a souvent lieu de remarquer la facilité avec laquelle les mouvemens sympathiques, tels que le rire, se communiquent par la simple vue, sans le concours d’aucune autre cause dans ceux qui les reçoivent. L’influence de la sympathie sur le sensorium est incomparablement plus puissante : les vibrations qu’elle y excite, lorsqu’elles sont extrêmes, produisent, en réagissant sur l’économie animale, des effets extraordinaires que l’on a, dans les siècles de superstition, attribués à des agens surnaturels, et qui, par leur singularité, méritent l’attention des observateurs.

La tendance à l’imitation existe même à l’égard des objets de l’imagination. Placés dans une voiture qui nous paraît se diriger vers un obstacle, nous imitons involontairement le mouvement qu’elle doit prendre pour l’éviter. On peut conce-