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égal à 50″, on aura 0,55 pour sa densité, celle du Soleil étant toujours prise pour unité.

En comparant les densités respectives de la Terre, de Jupiter et de Saturne, on voit qu’elles sont plus petites pour les planètes plus distantes du Soleil. Kepler parvint au même résultat par des idées de convenance et d’harmonie, et il supposa les densités des planètes réciproques aux racines carrées de leurs distances. Mais il jugea, par les mêmes considérations, que le Soleil était le plus dense de tous les astres, ce qui n’est pas. La planète Uranus, dont la densité paraît surpasser celle de Saturne, s’écarte de la règle précédente ; mais l’incertitude des mesures de son diamètre apparent et des plus grandes élongations de ses satellites ne permet pas de prononcer sur cet objet.

Pour avoir l’intensité de la pesanteur à la surface du Soleil et des planètes, considérons que, si Jupiter et la Terre étaient exactement sphériques et sans mouvement de rotation, les pesanteurs à leur équateur seraient proportionnelles aux masses de ces corps divisées par les carrés de leurs diamètres ; or, à la distance moyenne du Soleil à la Terre, le demi-diamètre de Jupiter serait vu sous un angle de 291″,185, et celui de l’équateur terrestre paraîtrait sous un angle de 26″,54 ; en représentant donc par l’unité le poids d’un corps à ce dernier équateur, le poids de ce corps transporté sur l’équateur de Jupiter serait 2,716 ; mais il faut le diminuer d’environ , pour avoir égard aux effets des forces centrifuges dues à la rotation de ces planètes. Le même corps pèserait 27,9 à l’équateur du Soleil, et les corps y parcourent 102m dans la première seconde de leur chute.

L’intervalle immense qui nous sépare de ces grands corps semblait devoir dérober pour toujours à l’esprit humain la connaissance des effets de la pesanteur à leur surface. Mais l’enchaînement des vérités conduit à des résultats, qui paraissaient inaccessibles quand le principe dont ils dépendent était inconnu. C’est ainsi que la mesure de l’intensité de la pesanteur à la surface du Soleil et des planètes est devenue possible par la découverte de la gravitation universelle.


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